La jeunesse libanaise face à l’exil : partir ou rester
Célia Bechara
La jeunesse libanaise vit aujourd'hui un dilemme existentiel de plus en plus difficile à résoudre : faut-il partir à la recherche d’un avenir meilleur à l’étranger, ou bien rester et contribuer à la reconstruction du pays ?
Depuis la crise économique de 2019, suivie par l'explosion du port de Beyrouth et l’effondrement des institutions, un nombre croissant de jeunes se tournent vers l'exil. Environ 58% des Libanais âgés de 18 à 29 ans envisagent de quitter le pays. La dévaluation de la livre libanaise, la hausse du chômage et la crise du secteur éducatif, avec des frais universitaires devenus inaccessibles, ont exacerbé cette tendance.
Dans ce contexte de désespoir économique et social, nombreux sont ceux qui n’entrevoient plus leur futur au Liban, où l’instabilité politique et les défaillances institutionnelles semblent omniprésentes .Cependant, une autre partie de la jeunesse libanaise choisit de ne pas fuir.
Ces jeunes, bien que frustrés et désillusionnés, préfèrent rester et se battre pour un changement. Ils s’engagent dans l’entrepreneuriat, créent des start-ups, soutiennent des initiatives locales ou participent à des projets communautaires. Ce choix de rester est souvent guidé par un sentiment de responsabilité envers leur pays et un profond désir de voir le Liban se relever.
Ces jeunes représentent une nouvelle génération d’entrepreneurs et de citoyens engagés, déterminés à redonner au Liban sa place sur la scène internationale.
Ces entreprises émergentes, souvent centrées sur des technologies innovantes, la digitalisation, ou encore des solutions écologiques, visent à combler les lacunes laissées par un système en crise. Le Liban, malgré ses difficultés, reste un terrain fertile pour l’innovation, grâce à une main-d’œuvre jeune, éduquée et créative. Par exemple, des start-ups dans des domaines comme les fintech (technologies financières), healthtech (technologies de la santé) ou encore agritech (technologies agricoles) connaissent un essor considérable.
Ces projets ne se contentent pas seulement de lutter contre la crise économique, mais offrent également un modèle de développement durable en misant sur des solutions locales et en favorisant les investissements dans les secteurs clés de l’avenir.Ainsi, le dilemme de partir ou rester dépasse la simple question individuelle ; il s’agit d’un enjeu national pour l’avenir du pays. Si l’exode massif des jeunes pourrait affaiblir temporairement le Liban, l’engagement de ceux qui choisissent de rester représente une clé essentielle de la reconstruction nationale. Le choix entre l’exil et la résilience s’inscrit dans un cadre plus large, celui d’une génération en quête de sens, de sécurité et d’espoir. Ce dilemme, entre fuite et reconstruction, incarne à la fois l’incertitude d’un présent difficile et la volonté, parfois ténue, de participer à l’avenir du Liban.

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