Le pouvoir de l’éducation

Médéa Azouri et Mouin Jaber

Aujourd’hui, le Liban est à la croisée de son Histoire. Soit, il sombre dans les ténèbres et selon le pseudo « décret présidentiel » se retrouve en Enfer ; soit, il amorce enfin le changement nécessaire qui le fera sortir de cette crise sans précédent qu’il traverse.

La base-même de ce changement réside, selon nous, dans l’éducation. Celle du peuple en devenir. Celle des générations futures qui seront porteuses de ce changement.

L’éducation est une des armes les plus puissantes pour contrer la tyrannie, contre cette classe dirigeante, qui, depuis des décennies, s’affaire à entretenir l’endoctrinement confessionnel, la peur et la haine de l’autre, en basant ses propos sur une histoire du Liban totalement biaisée, en se basant sur leur(s) propre(s) histoire(s). Il ne faut pas s’étonner que nous n’ayons pas une histoire unifiée. Il ne faut pas s’étonner que nos livres scolaires d’histoire s’arrêtent en 1943. Parce qu’après, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… en mal d’éducation.

L’éducation favorise la pensée critique et c’est probablement un des éléments qui nous manque le plus aujourd’hui. Cette prise de recul, cette réflexion objective et ouverte. Ce discernement entre la vérité et le mensonge. Cette compréhension de la structure de notre pays, du jeu de l’État. En allant à l’école, les enfants apprennent les valeurs et la morale, le sens civique, le respect des lois et des institutions. Et c’est ainsi qu’ils sentiront cette appartenance à leur pays et non pas à une secte quelconque. D’où l’importance d’avoir un enseignement commun qui permettrait à tous les Libanais de se sentir libanais. De ne pas avoir envie d’emprunter le chemin de l’exil parce qu’ils n’auront rien appris de leur pays. De son histoire, de sa géographie.

L’éducation nous permet de déchiffrer les rouages de notre pays. Elle offre les outils nécessaires pour réfléchir aux solutions envisageables. Et grâce à l’enseignement et à la culture, l’histoire et la géographie, les élèves de tous bords comprendront ce pour quoi, et surtout contre quoi, ils doivent se battre. Et comme l’éducation contribue au développement des compétences interpersonnelles, elle permet aux enfants, à travers un système structuré, de créer des liens avec d’autres enfants et d’apprendre comment se traiter les uns les autres, au-delà des différences. Ces différences qui font notre richesse et non pas l’inverse.

L’éducation permet aussi de lutter contre la pauvreté. Elle prépare les enfants à choisir leur avenir. À choisir le cursus universitaire qui leur conviendra et donc de s’ouvrir à une large gamme d’emplois et de professions. Elle leur offre tous les possibles, toutes les opportunités.

L’éducation est un puissant agent de changement, et c’est ce qui fait peur à la classe politique. La stabilité sociale, la croissance économique à long terme, le développement durable, les prises de décisions, la possibilité de jouer un rôle dans le monde et dans la société, les compétences intellectuelles et professionnelles, sont tout autant de facteurs qui effrayent le pouvoir en place. C’est pourquoi il est primordial et sans aucune discrimination, de donner à tous et à toutes, accès à l’éducation. Et c’est ainsi, qu’ensemble, nous pourrons poser les fondations de ce pays totalement démembré. C’est ainsi, que nous pourrons enfin reconstruire le Liban.