الخميس - 25 نيسان 2024

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Le peuple libanais au tribunal de l’Histoire

المصدر: النهار - Serena Rassam
Si un procès venait à être intenté contre nous, le peuple libanais, serions-nous acquittés ?
Si un procès venait à être intenté contre nous, le peuple libanais, serions-nous acquittés ?
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Si un procès venait à être intenté contre nous, le peuple libanais, serions-nous acquittés ? Ou au contraire, jugés coupables ? Tous les doigts sont pointés vers les politiciens qui, certes, ont commis des crimes impardonnables à notre égard. Mais quelle est notre part de responsabilité dans notre sort ? Et comment se libérer de leur emprise ?
Il est indéniable que les dirigeants au pouvoir nous traitent comme des bêtes, ou en y songeant, même pire. Ils nous ont enlevé tout ce qu’on avait, jusqu’à notre dignité, et s’ils pouvaient pomper notre sang, ils n’hésiteraient pas à le faire. A cause de leur incurie, leur corruption et leur incompétence, nous en sommes là : misérables mendiants enfermés dans un gouffre insondable. Toutes les lueurs d’espoir sont étouffées, les réunions au nom du sauvetage du Liban remises aux calendes grecques, et nos droits ne sont plus que de l’encre sur du papier.
Ce discours résonne à présent comme un leitmotiv, on n’a de cesse de l’écouter. Discours qui met en lumière le peuple victime et opprimé par les dirigeants coupables et oppresseurs. Je me heurte alors à un constat : ces mots ne reflètent qu’une seule face de la réalité. La vérité est que le peuple est aussi coupable que victime. Une allégation qui lui déplait puisqu’elle ajoute l’injure à l’injustice, mais il faut admettre que reprocher aux oppresseurs d’être des oppresseurs ne fait pas avancer la cause des opprimés. Il faut aussi reconnaître que nous resterons des victimes pour aussi longtemps que nous nous poserons ainsi et que nous sommes responsables de notre situation. Le peuple a volontairement inscrit les noms de leurs despotes dans les urnes, et trouve dans le statut de victime un confort psychologique du fait qu’il se déleste de toute responsabilité vis-à-vis de la misère dans laquelle il demeure. Syndrome de Stockholm ou bêtise ineffable ? Je ne saurais le dire.
Les oppresseurs vivent en symbiose avec les opprimés. Ils ont besoin de nous pour survivre, nous sommes l’essence de leur existence. Une fois que le peuple cesse de se soumettre à eux, ils n’auront plus lieu d’être. Nous sommes à la fois la source du problème et la clef de sa résolution. L’équation est simple, La Boétie la résume ainsi « Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres ». Notre liberté, nous l’aurons quand nous cesserons d’obéir. Il n’y a aucun intérêt à verser du sang ou à avoir recours à la violence. Ceux-ci ont l’effet inverse. Ils prouvent que la grandeur du pouvoir est telle que le peuple entier, avec sa fougue et sa rage, déchaîné contre eux, armés jusqu’aux dents, ne saurait les renverser. Révolution rime avec évolution, et non avec brutalité. Pour maintenir les hommes libres, c’est vers l’éducation qu’il faut se tourner, et c’est des plaisirs hébétés qui sapent la vigueur de l’esprit qu’il faut s’écarter. Nul besoin de s’évertuer à les chasser du pouvoir. Cessez d’entretenir le mythe de leur puissance, cessez de les soutenir, cessez de leur obéir, cessez de les louer, et tel un « colosse dont on a dérobé la base », la classe politique s’effondrera.
S’ils ne périssent pas dans les geôles de la terre, c’est dans celles de l’histoire qu’ils croupiront, pour l’éternité. D’ici là, la révolution doit changer de trajectoire, sans changer d’objectif.
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